vendredi 7 décembre 2012

C'est pas moi!


Malade, je me résigne à aller chez le médecin. 
J’arrive devant la porte vitrée de son immeuble. A l’intérieur, je vois le concierge et une dame, sourcils froncés, qui discutent en m’observant. 
Je peux comprendre qu’on soit hostile à voir des personnes défiler dans son immeuble mais je viens en paix. Je ne comprends pas bien cette hostilité, j’ai juste un gros rhume. Ce n’est pas la peste quand même !

Comme ils ne prennent pas la peine de m'ouvrir, je suis obligée de sonner au cabinet médical. Je suis fiévreuse, impatiente et rapidement exaspérée par les deux acolytes qui me toisent méchamment. Et qui n’essaient même pas de le dissimuler.

La secrétaire du cabinet médical m’ouvre par l'interphone. 
Je rentre dans l’immeuble.

Le concierge, remonté comme un coq et fier d’avoir la dame comme public, m'interpelle et me dit « Mademoiselle ! N’est-ce pas vous, lundi dans l'après-midi, qui étiez dans le couloir du premier avec un garçon en train de … vous savez ? De vous bécoter !!! Votre mère sait que vous séchez le lycée pour faire ça? »

Je le stoppe direct en levant la main. Avant qu’il ne termine son argumentaire qui n’a de toute façon aucun sens puisque
de 1. je n’habite pas cet immeuble
de 2. lundi, j’étais au stalag en train de me faire torturer par Cruella
de 3. si je devais « bécoter » un garçon, ce serait sous ma couette.

« Non, Monsieur, ce n’est pas moi »

Je passe mon chemin, vexée jusqu’au bout des cheveux qu’il me confonde avec une gamine traversant sa période de premières galoches. S’il s’avait que cette période date du Jurassic tellement je suis vieille. J’en ai roulé des milliers de patins depuis cette époque !! Des petits, des gros, des nuls, des géniaux, dans un sens puis dans l’autre...

J’observe mon reflet devant les portes de l’ascenseur. C’est sûr qu’avec mes baskets montantes argentées, mon bandeau sur la tête, mon gros poncho et mon legging, j'ai l'air d'une ado. Il n’a pas tort.

« Mais non, Monsieur, non. Ce n'est pas moi » répète-je dans ma tête, profondément vexée.

Le concierge insiste et en remet une couche

« Ouais ouais ça! Vous voyez très bien de quoi je parle!!! (Note de Cathy : mais il est ssssssérieux????) Une jeune fille comme vous, exactement comme vous (Note de Cathy 2 : il fait clairement référence à mon excroissance fessière puisque, vexée, je lui tourne le dos), vous croyez que je ne vous reconnais pas??? Vous me prenez pour qui??? Je vais le dire à vos parents ».
Furieuse, je me retourne et lui dit fermement « Monsieur, j'insiste une nouvelle fois. Ce n’est pas moi. Ne vous obstinez pas, ce n'est pas moi. Ça ne peut pas être moi !»

Il me répond un « Ouais, ouais, c'est ça ! Que je ne vous y reprenne plus ou bien j’en parle à vos parents.».
La dame me regarde d’un air réprobateur en faisant non de la tête.

Alors certes, il vaut mieux qu'il me ne confonde avec une ado délurée qu’avec ma grand-mère. Mais qu’il prenne avec moi ce ton de l'adulte vers l'enfant de type « Mon œil! Ton nez va pousser comme Pinocchio! »... Je bouillonne!
Je le vois à son air fier qu'il est persuadé que c'est moi et que, quoiqu'il arrive, et même si mon médecin lui dit de laisser les patientes convalescentes tranquilles, il restera sur sa position. Il n’en démordra pas. Ça se voit. 
J’enrage ! Un incommensurable sentiment d'injustice m'envahit.

Je suis condamnée pour un crime que je n'ai pas commis. A présent, chaque fois que j'irai chez le médecin, le concierge et la dame me feront les gros yeux. Et penseront dans leurs têtes « Les jeunes filles d'aujourd'hui ont trop chaud au cul. C'est sûr qu'elle met des photos d'elle à poil sur Facebook, en plus de tourner dans les caves! ».

Et si la petite (la vraie) récidive ses roulages de pelles compulsifs dans le couloir (voire pire!) et que le concierge la surprend à nouveau, je suis bonne pour un nouveau savon.



Tandis que les portes de l'ascenseur se referment, je vois la vieille qui me fixe encore. Mais puisque je vous dis que ce n’est pas moi!! J’ai envie de leur hurler que j'ai (malheureusement) passé l'âge de me bécoter dans les couloirs. Meeeerde!

Conclusion:
- je suis ulcérée, vexée, et dès que mon médecin me reçoit, avant de lui parler de mon nez qui coule, je lui fais part de mes plaintes sur le concierge et la dame (c'est pas moi je vous dis!!!)
- mon jeune sosie existe, habite dans le quartier et chope des mecs. Elle!

1 commentaire:

  1. Mention pour la dernière phrase ! Je compatis : l'an dernier, en vacances, un gamin de 20 ans m'expliquait en festival comment choper... tellement simple que j'y avais pas pensé du haut de ma grande expérience...
    Mathieu

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