mercredi 31 juillet 2013

Envolez-moi

De retour à Paris après une semaine de vacances avec les copines, PEN-DEZ MOI.
8h45 (comprenez midi pour Cruella, ma boss), je suis dans le métro, en route pour la Défense grise, avec ses immeubles gris et ses gens gris. 
Tel le mouton qui suit le mouvement des cols blancs, sans réellement trouver un sens à ma vie, je vais de mon plein grès m'enfermer dans une tour de La Défense.
Je traine la patte. 
Ma journée va être horrible.
Je pars au stalag me faire torturer par Cruella, cruelle reine au pays de la cruauté.
Je suis pourtant convaincue que mon existence n'est pas vaine au point d'être ce qu'elle est. Je suis persuadée que je pourrais être beaucoup plus utile (et motivée) que ce que je suis mais non...
Je suis un mouton qui suit le mouvement des cols blancs.

Je trouve une place assise. Un miracle. 
J'observe le Monsieur assis en face de moi. 
Il est en costume, bien propre sur lui, la cinquantaine.
Il a le regard vide de celui qui n'a pas décroché de sa journée de boulot depuis la veille. Celui qui ramène ses problèmes de taf à la maison. 
Qui y pense quand il dîne, quand il se douche, quand il lit une histoire à ses enfants, quand il se couche. 
Il a la tête occupée: il ne doit pas écouter sa femme quand elle lui raconte sa journée et doit gueuler sur ses mioches qui font probablement trop de bruit. Papa est cre-vé!

Ce n'est pas de sa faute. Il ne peux pas décrocher. Il est trop stressé. Il est probablement harcelé par un boss pas cool qui se décharge trop sur lui. Il ne récolte pas les lauriers de son travail, il ne sait même pas si ce qu'il fait a du sens. Il commence trop tôt et finit trop tard. Il voit peu sa famille. Peut-être qu'il a une maîtresse, pour se sentir vivant de temps en temps. Il n'a le temps de rien. Il ne savoure pas. Le week-end, il est crevé. Il ne vit pas. Il survit.

Je le vois s'agitant et parlant tout seul en lisant de temps en temps des mails de son portable. Il est malade de boulot. Telle une lente et mortelle gangrène, son travail est en train de le bouffer lentement.

Je l'observe en paniquant. Je crois que je ressemble à ça après une journée de boulot. Je n'arrive jamais à décrocher. Parfois, je répète les discours que je vais blablater sur un sujet professionnel devant la glace. Le soir même. Alors que je ne suis sensée en parler que le lendemain et que les soirées sont faites pour décompresser. Ça durera jusqu'au lendemain matin où, à peine douche sortante, je parle toute seule de boulot. Parfois (comprenez hyper souvent), je vais picoler pour oublier. Pour décrocher.

Je panique.
Je ne suis pas née pour ça.
J'ai la gangrène aussi.
Envolez-moi, punaise, envolez-moi!
Vite.

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